Je suis en CP. Depuis un mois. Ça grouille et c’est tout mignon. Ou presque. Ça, ce sont mes 26 petits lutins, pardon : mes élèves.

Gustave est adorable. Ses longues mèches brunes lui barrent le front et ses yeux bleus trop grands qu’il écarquille pour me dévisager du haut de ses un mètre vingt-deux centimètres. « Gustave, ne bave pas sur ta table ». Il me regarde de ses yeux bleus trop grands pour son petit visage. Il me regarde en souriant, un sourire sans beaucoup de dents de devant.

« Gustave, n’étale pas ta bave sur ton bureau, c’est sale ». Gustave me regarde de ses yeux bleus trop grands qui surplombent ses taches de rousseur. Il me fixe. « Maitresse, pardon » semble-t-il me susurrer.

«  Gustave, mon grand, ne lèche pas ta bave, c’est vraiment trop iiiiiignoblement sale. » Il rit, Gustave. Il rit toujours même quand je bous intérieurement de ces bêtises (oui, des fois, je n’ai plus envie de rire. Surtout à partir de 9h30, quand toutes mes bonnes résolutions du matin me semblent déjà dures à tenir.)

Moi aussi. Je ris quand je raconte à JM le soir, à la maison.

A la rentrée nous faisons nos portraits à la manière d’Isabelle Kassidjan.

Gustave : quand je serai grand, je serai étaleur de bave. Heu, c’est bizarre là… Bon, je ne vous ai pas dit qu’avant de l’étaler ou de la lécher (hummm miam)il dessine avec.